Les disparitions forcées en Algérie: de l'amnistie à l'amnesie politique.



Chaque mercredi, sur la place Addis Abeba d’Alger, les mères et les proches de disparus enlevés par l’armée et la police, se réunissent pour manifester en face de la Commission Nationale pour les Droits de l’Homme. Officiellement 6146 Algériens ont disparus durant la dernière décennie, “une guerre qui ne dit pas son nom”. Cette guerre a fait plus de 200 000 morts et des milliers de disparus. Se sont des hommes, des femmes, des personnes âgées, des jeunes.

Les disparus sont les victimes de la torture et des exécutions extrajudiciaires, utilisés comme moyens de répression par les pouvoirs algériens face au mouvement d’insurrection islamiste armée. Les disparitions sont considérées aujourd’hui comme des “dommage collatéraux”. L’État se reconnaît “responsable mais pas coupable” des disparitions. L’indemnisation offerte aujourd’hui aux victimes est conditionnée par le renoncement à la vérité sur le sort de leurs disparus.

Aujourd'hui, l'article 46 du décret d'application de la Charte pour la Paix et la Réconciliation Nationale, acte politique voulu par le president Abdelaziz Bouteflika au 2005, "est puni d'un emprisonnement de 3 à 5 ans et d'une amende de 250.000 à 500.000 dinars quiconque utilise ou instrumentalise les blessures de la tragédie nationale pour porter atteinte aux institutions de la République algérienne démocratique et populaire, fragiliser l'État, nuire à l'honorabilité de ses agents qui l'ont dignement servie, ou ternir l'image de l'Algérie sur le plan international".

lundi 20 juillet 2009

La memoire interdite en Algérie

La coalition d’associations de victimes de la dernière décennie, Djazaïrouna, Somoud, le Collectif des Familles de Disparus en Algérie (CFDA) et SOS Disparus, s’est heurtée, encore une fois, à l’interdiction de se réunir qui lui a été opposée par les autorités algériennes. Les associations de victimes organisaient, avec le soutien de la Fédération Euro-méditerranéenne contre les disparitions forcées (FEMED), un Forum-atelier intitulé « La mémoire des victimes pour la reconstruction d’une société » ce jeudi 16 juillet 2009, dans une salle privée à Bachedjarah (Alger). Une centaine de personnes, dont des experts, historiens, juristes, psychologues, médecins ainsi que des représentants de la société civile, y étaient attendues. A leur arrivée, les organisateurs ont été stupéfaits par l’impressionnant dispositif de policiers, brigades anti-émeute et agents civils, déployé pour empêcher tout accès à la salle. Selon le chef de la sûreté de Daïra, le wali d’Alger aurait ordonné l’interdiction de la réunion. Toutefois, aucune notification écrite n’a été présentée aux organisateurs. Après maintes négociations pour accéder à la salle et le refus catégorique des services de sécurité, les organisateurs ont pris la décision de maintenir le forum-atelier et de le tenir au siège même de Sos Disparus. La rencontre a pu ainsi débuter à 11h et a réuni près d’une cinquantaine de personnes, malgré les conditions difficiles. Cependant les mauvaises surprises ne se sont pas arrêtées là. En effet, Mohammed Errahoui, a été refoulé à son arrivée à l’aéroport d’Alger. Ce militant des droits de l’homme et auteur du livre-témoignage « Mouroirs », disparu pendant plus d’une décennie au Maroc, devait faire part de son expérience au Forum. Malgré tous les contacts activés, M. Errahoui n’a pas pu sortir de l’aéroport d’Alger et est toujours en zone de douane. Cette décision n’a été ni motivée ni expliquée. L’assistance a été outrée et choquée par cette attitude des autorités algériennes à l’égard de leur invité marocain. Joint par téléphone, Mohammed Errahoui s’est dit touché par cette démonstration de solidarité. Ces manœuvres des autorités algériennes s’appuyant sur des violations flagrantes des libertés de circulation, d’expression et de réunion avaient pour but de faire échouer la rencontre. Il ne s’agit que d’une énième tentative pour museler la voix de ceux qui protestent contre l’écriture officielle de l’histoire de la décennie 1990 dont on dépossède les victimes. Ces pratiques sont autant injustifiables que révélatrices du refus des autorités algériennes de laisser les membres de la société algérienne s’organiser et s’approprier l’espace public. Cependant, grâce à la détermination les victimes et de leurs représentants, la rencontre a eu lieu et a été un succès malgré l’espace restreint dans lequel elle s’est tenue. Les interventions et les débats passionnés qu’elles ont suscités ont révélé l’intérêt porté à la préservation de la mémoire pour entamer un processus de réconciliation véritable et durable et envisager l’avenir avec sérénité. La coalition de victimes a reçu de nombreux messages d’associations exprimant leur indignation, notamment l’association des parents et amis de disparus au Maroc, le Centre Libanais des droits humains et le réseau Euro-méditerranéen des droits de l’Homme.

Alger, le 17 juillet 2009
La Coalition d’association de victimes :CFDA, Sos Disparus, Djazairouna, Somoud



الذاكرة الممنوعة بالجزائر مرة أخرى، تعرض كل من تحالف جمعيات ضحايا العشرية الأخيرة، جزائرنا، صمود، تحالف عائلات المفقودين بالجزائر الى المنع من التجمع من طرف السلطات الجزائرية. نظمت جمعيات الضحايا، بالتنسيق مع الفدرالية الأورومتوسطية ضد الفقدان القسري، ورشة عمل (فوروم)بعنوان"ذاكرة الضحايا لبناء المجتمع".في هذا الخميس 16 جويلية 2009، حوالي مائة شخص من خبراء، مؤرخين، قانونيين، نفسانيين، أطباء و كذا ممثلين عن المجتمع المدني، كان من المنتظر تجمعهم في قاعة خاصة بباش جراح. عند وصولهم، تفاجأ المنظمون بتشديدات أمنية مكثفة، و انتشار عناصر الأمن وقوات قمع الشغب التي صدت الطريق المؤدي الى القاعة، وحسب رئيس أمن الدائرة، فان قرار المنع جاء من والي ولاية الجزائر دون تسليمهم القرار الخطي للمنع.و بعد مفاوضات مطولة مع رجال الأمن أملا في الالتحاق بالقاعة و أمام الرفض القاطع للسلطات ، قرر المنظمون تنظيم الفوروم بمقر جمعية أس،أو،أس المفقودين. و بالفعل تم افتتاح اللقاء على الساعة الحادية عشر، حيث ضم ما يقارب خمسون شخصا رغم الظروف الصعبة.إلا أن المفاجآت لم تتوقف هنا. وبالفعل، محمد رحيوي تم منعه من دخول التراب الوطني خلال وصوله الى مطار الجزائر.و يعد الناشط الحقوقي شاهدا ومؤلف لكتاب "المقبورين" حيث افتقد لمدة تتجاوز العشر سنوات بالمغرب. كما كان من المفترض أن يدلي بتجربته في هذا الفوروم.رغم كل الاتصالات المكثفة، لم يتمكن السيد رحيوي من مغادرة مطار الجزائر و هو في منطقة الجمارك ،حيث تقرر هذا دون توضيح أو إعطاء أي سبب. لقد صدمت المشرفة على الفوروم، بالمعاملة التي تعرض لها الضيف المغربي من طرف السلطات،و بعد مكالمة هاتفية،عبر محمد رحيوي عن تأثره بالتضامن الذي أحس به. ولقد كان أعوان السلطات الجزائرية باعتمادهم على الخروقات الخطيرة لحرية التنقل، التعبير، و التجمع، يهدفون الى إفشال اللقاء.و تعد هذه المحاولة الألف لإسكات أصوات من ينددون ضد الكتابة الرسمية لتاريخ العشرية الأخيرة1990، التي تسلب حق الضحايا.في معرفة الحقيقية لاغير.إن هذه الممارسات غير مبررة بالقدر الذي كشفت فيه عن رفض السلطات الجزائرية في أن تترك لأفراد المجتمع الجزائري فضاءا عاما يحتويهم و ينتظمون فيه. و بفضل عزم الضحايا وممثليهم، فلقد تم تنظيم اللقاء رغم المساحة الضيقة التي تم فيها، كما كشفت المداخلات و المناقشات المتتالية عن أهمية الحفاظ على الذاكرة من أجل الخروج بسياق مصالحة حقيقية ودائمة من اجل مستقبل آمن. لقد تلق تحالف الضحايا عدة رسائل من جمعيات تعبر فيها عن تنديدهم ، خاصة جمعة أباء و أصدقاء المفقودين بالمغرب، المركز اللبناني لحقوق الإنسان و كذا الشبكة الأورو متوسطية لحقوق الإنسان. الجزائر،17 جويلية2009 تحالف جمعيات الضحايا س،أف،د،أ،أس،أو،أس المفقودين،جزائرنا،صمود

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